La culture de l’anacarde s’est développée en Côte d’Ivoire de façon spontanée, sans l’initiative ni le soutien d’organismes de développement agricole. Ce n’est qu’à partir du début des années 2000 que les structures d’encadrement et d’appui à l’agriculture ont commencé à véritablement intervenir dans la filière, alors que la noix de cajou tendait à devenir la principale culture de rente du Nord du pays devant le coton.

L’anacardier, implanté dans le pays par des programmes de reforestation en raison de sa croissance rapide et de sa rusticité, n’était jusqu’au début des années 1990 exploité que pour son bois. Que ce soit par crainte du baume corrosif contenu dans la coque de la noix ou en raison d’un mythe populaire qui prétend que ces fruits sont toxiques si on les mélange avec du lait, ni l’amande ni la pomme de cajou, les deux composantes comestibles de l’anacarde, n’ont été valorisées et consommées localement jusqu’à ces dernières années. Le marché ivoirien de l’anacarde semble s’être développé discrètement sous l’impulsion d’acheteurs indiens entre 1990 et 1995. À partir de cette période, la noix de cajou a commencé à apparaitre pour les producteurs comme une alternative à la culture de rente traditionnelle du Nord du pays, le coton, qui souffrait de la chute des cours mondiaux et de gros problèmes de fonctionnement de la filière.

Même si le coton ivoirien a des rendements à l’hectare environ trois fois supérieurs à ceux de l’anacarde pour des prix de vente au kilo comparables, l’investissement en travail et en intrants beaucoup plus important dans la culture cotonnière a rendu l’anacarde plus lucrative.

De 1995 à 2001, beaucoup d’agriculteurs ont semé des anacardiers sur des parcelles de coton ou de vivrier et les commerçants locaux se sont très vite focalisés sur ce produit acheté à très bon prix par les négociants indiens et libanais du port d’Abidjan. Entre 1998 et 2001, la mise en culture est même devenue frénétique, poussée par des prix mondiaux très élevés.

Après 2001 et malgré une baisse durable des prix bord-champ, la culture de l’anacarde a gardé une dynamique extensive et l’emblavement se poursuit encore à l’heure actuelle.

La Côte d’Ivoire est désormais le deuxième producteur mondial de noix de cajou, après l’Inde (730 000 tonnes), mais désormais devant le Brésil (335 000 tonnes) et le Vietnam (300 000 tonnes). Le pays est devenu le plus grand exportateur mondial de noix de cajou brutes en 2010. La production de noix de cajou brutes a connu un développement rapide, passant de 220 000 tonnes en 2005 à plus de 350 000 tonnes en 2010. La valeur des exportations des noix de cajou était estimée à environ $ E.-U. 300 millions en 2012, ce qui en fait le troisième plus important produit de base d’exportation après le cacao et le caoutchouc, et avant le café. Au cours de la période 2002-2012, les exportations d’anacarde de la Côte d’Ivoire ont été multipliées par six. Il existe des méthodes à forte intensité de main-d’œuvre de décorticage des noix de cajou, qui ont prouvé leur efficacité dans d’autres pays africains mais qui restent actuellement utilisées à une échelle limitée en Côte d’Ivoire. L’industrie de transformation ivoirienne est quant à elle pour le moment nettement sous-dimensionnée pour faire face à la concurrence indienne, et plus récemment vietnamienne. Elle nécessite un plan d’aide permettant le développement des infrastructures de production.